vendredi 28 janvier 2011

Un enterrement de première classe pour la LGV branche sud? INFO ou INTOX ?

Sans l’annoncer officiellement, le ministère semble classer un dossier qui, depuis quelques mois, « freine plus qu’il n’avance ». Financement, fréquentation, vitesse, mixité… Chronique d’une mort programmée.


Ce soir, 20 heures à la salle des fêtes de Druillat dans l’Ain, le collectif Stop LGV organise une grande réunion entre les acteurs concernés par la branche sud de la LGV Rhin-Rhône : élus et associations des trois départements traversés (01, 39, 71).
Réseau Ferré de France (RFF) a décliné l’invitation pour raisons de plannings, et c’est bien dommage. Où en est-on, sachant que le comité technique du 13 décembre a demandé de nouvelles études modales et de fréquentation ? Quels fuseaux, tracés, seraient envisageables ? Comment s’y opposer et qui va payer ? Autant de questions qui devraient être évoquées ce soir.
« Dites-leur de ne pas trop se creuser la tête pour savoir si le TGV passera au-dessus, au-dessous, à l’est, à l’ouest… La branche sud ne se fera pas ». La sentence émane d’une source proche du ministère. Que du « off », rien d’officiel, mais l’État semble bien préparer un enterrement de première classe. « La branche sud reste inscrite au schéma national des infrastructures de transports », précise le cabinet de Thierry Mariani. Et pourtant…
La nouvelle n’est pas un scoop. Depuis plusieurs mois le dossier « freine plus qu’il n’avance » selon l’expression de Bruno Flourens, le directeur régional Rhône-Alpes de RFF en personne. Comme nous l’avons déjà écrit (notre édition du 21 septembre), la branche sud déraille sur quatre obstacles majeurs.

1) Le financement. Evalué à 3,5 milliards d’euros constants. C’est énorme, d’autant qu’entre l’État, RFF et les collectivités, personne n’a chiffré sa participation.
2) La fréquentation. Estimée à 830 000 voyageurs annuels en plus. C’est peu. Dans ces conditions, le coût devient exorbitant et la rentabilité impossible.
3) La vitesse. 270 km/h au nord de Bourg, 220 au sud. C’est lent pour un train à grande vitesse qui, selon les opposants, ne ferait gagner que dix petites minutes entre Dole et Lyon.
4) La mixité fret/voyageurs. RFF en a fait son credo. Cette option est aujourd’hui battue en brèche. Question de physique élémentaire, il est difficile de faire circuler sur une même voie trains de marchandises et TGV sans ralentir ces derniers.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas repartir à zéro ? Étudier une nouvelle branche sud spécialement dédiée aux voyageurs et laisser le fret sur les lignes de la Bresse et de la Dombes ? C’est ce que souhaitent notamment la Franche-Comté et la SNCF.
Peu probable, pour la bonne raison que désormais, la préférence semble aller au Paris-Orléans-Clermont-Lyon, le POCL. Le projet n’est pas encore lancé. Il coûtera (très) cher et mettra plus de dix ans avant de voir le bout du tunnel. On voit mal l’État via RFF mener les deux chantiers de front, et encore moins les financer.
Un jour peut-être ? « Dire aujourd’hui qu’entre Lyon et Strasbourg il n’y aura pas de liaison à long terme serait une erreur stratégique » estime maire de Bourg et vice-président du Conseil régional Jean-François Débat. A très long terme alors, dans vingt, trente ans ou aux calendes grecques. Pour la branche sud de la LGV Rhin-Rhône, le temps ne compte plus.

Marc Dazy - Le Progrès du 28/01/2010

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