SUD-CHARENTE. Les fouilles archéologiques qui précèdent les travaux de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux inquiètent les exploitants agricoles
LGV : les paysans défendent leurs terres
Les propriétaires et exploitants procèdent actuellement au déboisement nécessaire avant les sondages. D'autres perdront leur récolte ou verront leurs parcelles drainées endommagées. (Photo Tadeusz Kubla)
«On vient, on détruit, on reste, on occupe, on repart et à chaque étape, on indemnise ». Voilà ! C'est simple. Aymeric Barre de l'UDSEA vient de résumer l'arrivée prochaine des archéologues en Sud-Charente. Simple, mais pas tant que ça, en fait. Car sur le terrain, les choses ne se déroulent pas toujours idéalement.
Hier matin, une trentaine de propriétaires et exploitants agricoles se sont réunis à la salle des fêtes de Sainte-Souline. Des gens directement concernés par le tracé de la LGV Sud-Europe Atlantique Tours-Bordeaux qui touche Poullignac, Passirac, Chillac, Châtignac, Sainte-Souline ou Saint-Vallier. Ils sont venus écouter les explications d'Aymeric Barre et aussi d'Aurélie Michaud, responsable du pôle foncier au sein de la Chambre d'agriculture de la Charente et Brice Rivière du SCET (Service conseil expertise du territoire). Des gens qui se posent des tonnes de questions alors qu'il faut faire vite. Après le 31 mars, les archéologues vont effectuer des fouilles préventives sur les emprises parcellaires.
Rappel : ces sondages sont une simple opération de diagnostic. De véritables fouilles pourront éventuellement être réalisées en cas seulement de détection d'éléments tangibles. Les parcelles seront remises en état.
À fond les tronçonneuses
Gaëtan Pellefigue, retraité de 75 ans a invité ses copains chasseurs. Ce matin, à « Villevert », commune de Sainte-Souline, les bûches de chêne s'entassent dans la remorque : « Là, sur les dix ares concernés par la LGV, ceux qui sont marqués des piquets oranges, je vais sortir 20 m³ de bois. Je laisse le taillis qui se trouve sous les fils électriques. C'est trop délicat. » Mais Gaëtan va certainement laisser aussi l'enveloppe : « Ils me donnent 113 ? pour ça. Moi, je préfère qu'ils gardent leurs sous et que je récupère mon bois pour me chauffer. »
Une façon de dire : « on se fout de nous ». Et quel casse-tête, quand il s'agit de récoltes endommagées, de parcelles drainées ou encore de zones de la PAC et des histoires de primes.
Josette Moulinier, à Sainte-Souline en sait quelque chose : « Il a fallu faire des pieds et des mains pour toucher des indemnités. En 2006, si je n'avais pas fait moi-même des photos des tournesols en fleur pour prouver les bons droits de mon fils, nous n'aurions rien touché. Personne n'est au courant, quand vous faites vos interventions. Ce projet, on ne l'a pas demandé. Vous nous l'avez imposé. Alors on ne voudrait pas toujours être obligés de se battre. Il y a des chiffres, qu'on les respecte ! ». « On est pris pour des pantins », se désole un autre intervenant. Patrick Favreau, maire de Saint-Vallier, confirme : « On voit arriver des gens qui plantent des p'tits jalons et on ne nous dit rien. C'est comme si on parlait dans le vide. »
Les délégués de la Chambre d'agriculture et de l'UDSEA sont justement venus pour ça.
Pour Aymeric Barre, « on collabore avec RFF (Réseau ferré de France) pour obtenir des choses intéressantes pour les agriculteurs. Nous, on est que les rapporteurs. Mais nos professionnels se sont battus. »
Visiblement, le chemin de la communication n'est pas à grande vitesse, lui.
Auteur : Mauricette Boutin
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